MMA : La ministre des Sports ouvre la porte à une légalisation

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Alors que le précédent gouvernement avait serré un peu plus la vis concernant l’interdiction de la pratique du MMA en France, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a relancé le sujet en assurant n’être pas fermée à l’idée d’une légalisation de la discipline dans l’Hexagone.

La situation du MMA en France serait-elle sur le point d’évoluer ? Alors qu’en novembre 2016, à la suite de l’organisation d’une soirée dédiée à la discipline en septembre 2015 au Cirque d’Hiver de Paris, un rapport parlementaire avait mis en avant la nécessité de structurer la discipline et son développement dans l’Hexagone, le gouvernement n’avait pas fait bouger les lignes. Via un décret, le ministre des Sports de l’époque, Thierry Braillard, avait même visé à mots couverts via un décret les éléments distinctifs de la discipline, dont l’utilisation d’une cage et le recours aux coups portés au sol. Mais, avec l’arrivée au ministère de Roxana Maracineanu, la donne semble bien en train de changer.

La ministre ouverte à une structuration du MMA en France

Invitée ce mardi sur la chaîne RMC Sport News et confiée par un téléspectateur à aborder le sujet, la ministre des Sports est revenue sur le sujet de la légalisation du MMA dans l’Hexagone. Cette dernière déplore que la discipline puisse se développer sans avoir un cadre, avec les dérives que cela peut entraîner. « On a ce sport très pratiqué en France mais pas reconnu, il y a donc le danger que des éducateurs interviennent sans diplôme, et il y a aussi le danger que cette pratique se déroule dans des lieux avec des personnes pas très bien intentionnées, je pense à l’aspect radicalisation dans le sport ou par le sport, assure Roxana Maracineanu. Donc on a envie de réglementer pour pouvoir avoir un œil sur cette discipline, sur ce sport assez complet. Je suis allée voir comment on l’enseigne, et c’est un sport qui regroupe toutes les techniques du combat. » L’envie d’encadrer le MMA, telle qu’affichée par la ministre, serait un changement fondamental de la doctrine actuellement en cours en France

La cage pose encore un problème

Mais, à entendre Roxana Maracineanu, plusieurs éléments du MMA semblent rester une pierre d’achoppement dans les efforts possibles pour légaliser la discipline. Et l’un d’entre-eux est, sans surprise, la cage pour encadrer les combattants. « Au niveau professionnel, il renvoie une image qui pourrait apparaître comme dégradante, parce qu’il y a une cage en fer et des coups donnés au sol, assure l’ancienne nageuse. Mais il y a surement un aménagement à faire pour que ce ne soit plus une cage qui retienne les combattants sur le ring comme des animaux. » Cette réserve mise par la ministre pourrait être un frein, non pas au développement de la pratique « loisirs » du MMA mais à l’organisation de soirées des principales fédérations mondiales, telles l’UFC, à qui on ne cesse de prêter l’ambition de s’installer à l’AccorHotels Arena de Paris-Bercy dès l’entrée en vigueur de la légalisation de la discipline.

La ministre veut voir le MMA encadré par les autres fédérations

Un des autres freins à la légalisation, et celui qui a influé sur la position prise par Thierry Braillard en octobre 2016, c’est l’influence des principales fédérations de sports de combat et notamment celle de judo. Son président Jean-Luc Rougé n’avait pas hésité à assurer que « le MMA est un refuge pour djihadistes », alors que les fédérations européenne et internationale ont pris des mesures pour en combattre le développement. Face à cette opposition, Roxana Maracineanu n’est pas décidée à instaurer une fédération indépendante mais souhaite voir la discipline encadrée par une autre. « Cette fédération de MMA ne veut pas exister par elle-même, mais elle a envie d’être accompagnée pour pouvoir exister, assure la ministre. Donc elle va être abritée au sein d’une autre fédération. On a lancé un appel à manifestation d’intérêt, à travers lequel les autres fédérations vont pouvoir se déclarer candidates pour l’accueillir. » Reste maintenant à voir si des fédérations sont prêtes à prendre cette responsabilité, quand celle du judo n’avait pas hésité à inventer un « Mixed Jujitsu Arts » pour contrer le développement du MMA. Un tel accord sera un passage obligé afin d’ouvrir les portes de l’Hexagone à l’octogone. « La compétition au niveau national pourra être légalisée si des fédérations se proposent pour accueillir la branche MMA, et si le mariage se fait bien entre les disciplines en question, assure la ministre. Mais je pense qu’on peut trouver un mariage raisonnable entre toutes les disciplines. » Une position qui tranche clairement avec la posture des gouvernements précédents mais rien n’est encore fait quant à une réelle légalisation du MMA en France.

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